Rebonjour à tous et toutes !
Dans cet article je retranscris une publication du National Geo Channel 2 « Neurosciences et développement personnel » que vous pouvez retrouver sur le web. J’y ajoute quelques réflexions personnelles, documentées de sources neuroscientifiques. Vous y trouverez enfin des indications précieuses sur la gestion des émotions.
Notre cerveau est la résultante d’une incroyable évolution autour de constantes : la survie, l’apprentissage et l’adaptation. Codé dans son fonctionnement, il y a un nombre incalculable de processus qui sont à l’oeuvre, toujours en évolution, et qui assurent notre survie, ce, depuis la nuit des temps.
Alors, par quoi commencer ? Comment notre cerveau fonctionne-t-il ? Composé d’environ 100 milliards de neurones, autant que d’étoiles dans la Voie Lactée, les interactions qui s’y produisent sont incalculables, en même temps que les neurosciences apportent quantité de réponses et d’observations singulières ! Et bien commençons par aller voir du côté du cerveau limbique, grâce à qui l’humanité a survécu… Au delà nous verrons quelles peuvent être ses influences sur notre pensée rationnelle.
Commençons avec un exemple:
Nous sentons que nos pensées doivent être protégées contre l’influence des autres : Que se passe-t-il dans notre cerveau ? Des neurones spécifiques et des neurotransmetteurs comme la Noradrénaline déclenchent un état défensif. Ainsi il en va si nous sommes confrontés à des divergences d’opinions: les substances chimiques qui se libèrent dans notre cerveau sont les mêmes que celles qui essayent d’assurer notre survie lors de situations dangereuses ! Dans cet état défensif, la partie la plus primitive du cerveau interfère avec la pensée rationnelle et le système limbique peut mettre K.O. la plupart de notre mémoire de travail disponible, provoquant « physiquement » une étroitesse d’esprit. Nous pouvons le voir dans les politiques de la terreur, dans la stratégie de joueurs de Poker, en réunion de service… Peu importe qu’une idée soit valable ou pas, le cerveau a simplement du mal à la traiter quand il est dans un tel état. Observons quelqu’un de têtu dans une discussion ! A un niveau neuronal, le cerveau réagit comme si nous étions menacés, même si cette menace provient d’opinions inoffensives ou de faits que nous pourrions sans cela trouver utiles et acceptables rationnellement. Vous comprenez l’utilité de savoir gérer ses états émotionnels ! Nous y reviendrons.
Lorsque nous nous exprimons et que nos points de vue sont appréciés, les substances chimiques de défense diminuent dans notre cerveau. La neurotransmission de Dopamine active les neurones de la récompense, nous faisant nous sentir plus important et augmentant notre estime de nous-même. Vous comprenez l’impact positif sur un groupe, d’un cadre qui pose le respect, le non-jugement et l’écoute comme règles de fonctionnement…
J’écrivais en 2012 Les croyances créent la réalité de ceux pour qui elles sont vraies. Les neurosciences le confirment : nos croyances ont un impact profond sur la chimie de notre corps. C’est pourquoi les placebos peuvent être si efficaces.
L’estime de soi et la confiance en soi sont étroitement liées à un neurotransmetteur: la Sérotonine (bien-être). Lorsque l’absence de celui-ci prend de graves proportions, cela aboutit souvent à la dépression, à des comportements auto destructifs… L’approbation sociale augmente le niveau de Dopamine et de Sérotonine dans le cerveau , ce qui permet de relâcher nos fixations émotionnelles et de devenir plus facilement conscient de nous même autrement dit, savoir comment nous fonctionnons, ce qui nous atteint, ce dont nous avons besoin…etc.
La psychologie sociale s’intéresse souvent au besoin fondamental de l’être humain de s’adapter et appelle cela l’influence normative. Quand nous grandissons, notre boussole morale et éthique, est presque entièrement forgée par notre environnement. Ainsi nos actions sont souvent le résultat de la validation que nous recevons de la société (de la famille, du groupe social auquel nous appartenons…).
Les récents progrès en neurosciences nous donnent une meilleure compréhension de la culture et de l’identité. La confirmation de l’existence de neurones miroirs empathiques éclaire nos fonctionnements de bases. Quand nous éprouvons une émotion ou que nous réalisons une action, des neurones spécifiques s’activent. Et quand on observe quelqu’un d’autre effectuer cette action ou que nous l’imaginons, bon nombre de ces mêmes neurones sont déclenchés à nouveau. Comme si nous étions en train d’effectuer l’action nous même. Ces neurones d’empathie nous relient à d’autres personnes, ce qui nous permet de ressentir ce que d’autres ressentent. Et puisque ces neurones répondent à notre imagination, nous pouvons éprouver des réponses émotionnelles provenant d’eux, comme si elles venaient de quelqu’un d’autres. Ce système est ce qui permet « l’auto-réflexion ». Le neurone miroir ne connait pas la différence entre lui et les autres. C’est aussi pour cela que nous sommes tant tributaires de l’approbation sociale et pourquoi nous désirons nous conformer. Nous sommes dans une dualité constante entre la façon dont nous nous voyons et comment les autres nous voient ! Il peut en résulter de la confusion en ce qui concerne l’identité et l’estime de soi.
Je fais ici une parenthèse, j’aurai l’occasion de revenir sur les fonctionnements des diverses parties du cerveau et notamment les spécificités cerveau Gauche / Droit – à citer entre autres, les travaux du Pr Antonio Damasio (*). Pour faire simple, la partie gauche du cerveau est le siège du langage, du rationnel. Les connaissances, les croyances… A droite : l’exploration, la créativité ! et aussi la capacité du doute et de la remise en question ! Ses interactions sont permanentes avec la partie Gauche, via le corps calleux… Il a été constaté et expérimenté dans certains cas que le cerveau droit n’a plus la capacité d’agir sur le cerveau gauche tant les croyances sont puissantes. Se produit alors quelque chose de singulier observé aux scanners : ce sont les neurones miroir qui s’activent essentiellement et prennent en quelque sorte le contrôle ! Autrement dit, les comportements observés sont alors les mêmes que ceux de l’entourage (environnement extérieur) : mimétisme ! Que dire des comportements de foule et de masse !!
Revenons-en aux émotions. Les scanners du cerveau nous montrent que nous éprouvons ces émotions négatives liées aux états défensifs, avant même que nous en soyons conscients. Le limbique est plus rapide que la pensée rationnelle, et son impact physique via les neurotransmetteurs (noradrénaline, cortisol – hormone du stress, etc …) inonde notre cerveau avant que nous entrions dans la réflexion. Et comme nous l’avons vu, c’est anti-productif si l’on peut dire, pour notre pensée rationnelle ! Alors que faire ?
Prenons un exemple : un collègue vous tombe dessus de façon agressive car vous n’avez pas encore terminé le dossier tartanpion sur lequel il doit prendre la suite… Non seulement il manque d’objectivité et vous trouvez cela injuste car vous avez déjà avancé largement, mais en plus il vous parle mal ! Là c’est l’amygdale qui gère = cerveau limbique attaque défense > survie ! c’est de l’émotion pure « à chaud ». Vous ne dites rien sur le moment, vous vous donnez 5 minutes et vous allez le confronter. 1. Vous gérer votre émotion, en respirant et en gardant le contrôle de votre réaction (paroles). 2. Vous avez besoin de 5 minutes pour que votre réaction physique revienne à l’équilibre et que vous soyez en capacité d’agir avec votre zone préfrontale. 3. « Il faut que je te parle » Vous allez le confronter en lui spécifiant les faits et en lui exprimant votre ressenti – en terme de « JE » pour éviter de l’agresser à votre tour (je ressens de la colère plutôt que t’as vu comment tu m’as parlé ?!!!) Et vous lui suggérez une solution qui soit bénéfique pour vous 2 ! ( là c’est le top …)
C’est ça l’intelligence émotionnelle.
Au delà du fait de ne pas vous laisser emporter dans une réaction animée par de la colère qui vous reviendrait en boomerang … si vous gardez cela pour vous, l’apparition d’un marqueur somatique négatif va dans un temps relativement court (3 semaines) se stocker dans votre mémoire longue (à froid) : avant il reste mental. Au delà il va entrer dans votre corps ! il faudra 3 fois plus d’énergie pour nettoyer ce marqueur qui prend de multiple facettes, dans notre exemple ce peut être de la rancune…
Force est de constater que bien des marqueurs restent « en réserve »… Ce sont des potentiels de réaction électro-chimique puissants. C’est la goutte d’eau qui fera son oeuvre, voire la métaphore de la collection de timbres. La succession de ces « préférences » de comportements, qui visent à taire l’émotionnel par convention sociale ou tout simplement pour éviter de faire des vagues, ( la peur du conflit « apprise » dans l’enfance), renforcent les états internes négatifs et conduit, c’est une affaire de temps, aux Burn out!
Ce que les neurosciences nous confirment aujourd’hui, c’est que lorsque nous sommes conscients de nous même, nous pouvons modifier nos émotions « mal placées » car nous pouvons contrôler les pensées qui les causent. L’auto observation modifie profondément la façon dont notre cerveau fonctionne. Elle active les régions auto régulatrices du Néo-cortex qui nous fournissent une quantité notoire de contrôle sur nos sentiments (mémoire émotionnelle). Chaque fois que nous le faisons, notre rationalité et notre résilience émotionnelle sont renforcées. Lorsque nous ne sommes pas conscients de « ces états » la plupart de nos pensées et actions sont impulsives et l’idée que nous réagissons au hasard et ne faisons pas de choix conscients, est instinctivement frustrante. ATTENTION: le cerveau résout cela en créant des explications pour notre comportement, et, en les réécrivant physiquement dans nos souvenirs par le biais de la consolidation de notre mémoire. Concrètement il nous fait croire que nous étions dans le contrôle de nos actions ! C’est la rétro-rationalisation. L’impact est que cela laisse potentiellement nos émotions négatives enfouies prêtent à resurgir à tout moment en face ou pas de circonstances similaires. Ces émotions deviennent un carburant permanent pour notre confusion aussi longtemps que notre cerveau essayera de justifier nos comportements irrationnels.
En conclusion, la pratique d’une écologie émotionnelle commence avec de la bienveillance à soi ! Vivons nos émotions ! Accueillons les, apprenons à s’en « rapprocher » étant conscient de celles ci pour pouvoir les nommer. EX-pression : littéralement faire sortir la pression ! Avec méthode , c’est mieux : si vous voulez en savoir plus , rencontrons nous !!
(*) Damasio a déjà montré que les émotions sont indispensables à la validité de nos raisonnements et à nos prises de décision. Dans son dernier ouvrage, Antonio Damasio estime qu’elles pourraient être à l’origine de la conscience humaine et animale.
voir plus lien : https://www.scienceshumaines.com/rencontre-avec-antonio-damasio-la-conscience-est-nee-des-emotions_fr_26801.html